Le Marin céleste : Retour sur la planète Sprague
Après Sprague, Rodolphe et Olivier Roman nous entraînent à nouveau dans un univers rétro-futuriste envoûtant avec Le Marin céleste. Ce récit indépendant nous plonge dans le quotidien d’un colporteur volant confronté à une étrange menace végétale. Un album visuellement superbe, porté par un duo d’auteurs expérimentés, mais dont le scénario laisse certains lecteurs sur leur faim.
Une aventure aérienne entre récits et racines
Avec Le Marin céleste, Rodolphe et Olivier Roman nous invitent à retrouver les cieux de Sprague, cette planète semblable à la nôtre sans qu’on sache précisément quand ni où elle se situe. Ce nouveau récit, bien que parfaitement lisible de manière autonome, prolonge l’univers développé dans Spague (2022), en y ajoutant une intrigue inédite et de nouveaux personnages, tout en ramenant furtivement quelques figures du premier album.
On y suit Popeye, un colporteur volant à bord de son navire, le Nimbus, qui sillonne les bourgs en vendant des objets de bric et de broc — parfois authentiques, souvent bricolés par son amie Prune. Sa vie vagabonde prend un tournant inattendu lorsqu’une étrange invasion végétale — des herbes bleues capables d’étouffer toute vie — commence à se répandre. Guidé par sa passion pour l’Histoire et par ses talents de conteur, Popeye tente de comprendre et de contrer cette menace. Entre humour, ambiance rétro-futuriste et mystères écologiques, Le Marin céleste déroule une intrigue douce-amère, mêlant émerveillement visuel et sous-entendus plus sombres.
© 2025 Ed. Daniel Maghen - Le Marin Céleste P8 - Rodolphe - Roman Olivier - Béchu Denis
Rodolphe & Roman : duo confirmé, univers affirmé
Rodolphe (Rodolphe Daniel Jacquette) est un scénariste chevronné de la BD franco-belge. Professeur de lettres et grand admirateur de Stevenson, il s’est illustré par de nombreuses collaborations, notamment avec Leo (Kenya, Amazonie, Namibia, Europa). Ici encore, il convoque ses thèmes de prédilection : exploration, énigmes anciennes et sociétés alternatives.
Olivier Roman, quant à lui, est connu pour son adaptation des aventures de Harry Dickson et pour son trait précis, léger, au service d’univers fouillés et crédibles. Son travail sur Le Marin céleste brille par la finesse de l’encrage et une lisibilité exemplaire, renforcée par les couleurs lumineuses et nuancées de Denis Béchu.
© 2025 Ed. Daniel Maghen - Le Marin Céleste P9 - Rodolphe - Roman Olivier - Béchu Denis
Un accueil critique contrasté
Les critiques saluent à l’unanimité la beauté formelle de l’album. Le dessin clair et élégant de Roman, les couleurs riches et équilibrées de Béchu, et la construction visuelle d’un monde cohérent et immersif figurent parmi les points les plus appréciés. Les lecteurs évoquent une vraie joie à explorer cet univers et à détailler les planches.
Sur le plan narratif, les avis divergent davantage. Si certains soulignent le charme de l’histoire et le plaisir de retrouver l’ambiance de Sprague, d’autres regrettent un scénario un peu trop sage, voire recyclé. L’histoire ouvre par ailleurs de nombreuses pistes, sans forcément les conclure. Cela peut être perçu comme une invitation à rêver... ou comme une frustration narrative.
En résumé, Le Marin céleste est un album au charme indéniable, visuellement somptueux, qui ravira les amateurs d’univers riches et d’aventures douces. Son scénario, bien qu’efficace, pèche parfois par excès de retenue. Une œuvre à découvrir, surtout si l’on souhaite survoler Sprague à bord du Nimbus, aux côtés d’un héros aussi bavard qu’attachant.